mardi 25 août 2009

Perspectives Copenhague 2009 : l’Afrique et le changement climatique


Comme l’ensemble des continents, l’Afrique se prépare à la conférence internationale sur le changement climatique qui aura lieu en décembre 2009 à Copenhague.

L’Afrique est très touchée par le changement climatique même si, à l'exception de l'Afrique du Sud, elle produit peu de gaz à effet de serre .

Les représentants des pays africains se sont donc rencontrés à deux reprises, afin de présenter des positions communes dans le cadre des négociations sur le climat : à Nairobi au Kenya en juin dernier et le 4 août dernier à Pretoria, la capitale sud-africaine.

Ainsi, au Kenya, plus de trente Ministres africains de l'environnement ont d’ores et déjà franchi une étape essentielle, au travers de la Déclaration de Nairobi adoptée lors de la session extraordinaire de la Conférence Ministérielle Africaine sur l'Environnement (CMAE) sur le changement climatique réunie sous la présidence Mme Buyelwa Sonjica, Présidente de la CMAE et Ministre de l'Eau et de l'Environnement de l'Afrique du Sud,

L’Afrique a besoin de financements à une plus grande échelle, de technologies et de renforcement des capacités pour lutter contre le changement climatique

S’agissant des principaux défis et des opportunités de l'Afrique dans les négociations pour un régime climatique plus équitable, les ministres africains de l'Environnement ont convenu d'intégrer des mesures d'adaptation aux changements climatiques dans les programmes nationaux et les plans régionaux et dans les politiques et les stratégies de développement de manière à assurer l'adaptation aux changements climatiques dans les domaines des ressources en eau, de l'agriculture, de la santé, des infrastructures, de la biodiversité et des écosystèmes, des forêts, de la gestion urbaine, du tourisme, de la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que de la gestion des ressources marines et côtières.

« La Déclaration demande instamment à toutes les parties - et notamment à la communauté internationale - que l'augmentation de l'aide à l'Afrique soit fondée sur les priorités du continent, c'est-à-dire l'adaptation, le renforcement des capacités, le financement, le développement et le transfert de la technologie. »

La priorité des pays africains est de mettre en œuvre des programmes sur les changements climatiques de manière à ce que ceux-ci contribuent à la réalisation du développement durable, notamment en termes de réduction de la pauvreté et d'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement, en mettant l'accent sur les groupes les plus vulnérables tels que les femmes et les enfants qui sont actuellement les premières victimes.

Pour, le Directeur exécutif du PNUE , M. Achim Steiner , sous-secrétaire général des Nations Unies : " les ministres de l'environnement en Afrique ont indiqué leur volonté de faire partie de la solution au défi du changement climatique en établissant une position unifiée, dans la diversité de leurs économies, bien avant la conférence cruciale de la convention des Nations Unies sur le climat à Copenhague ". Il déclare également que "le prix du développement pour l'Afrique passe par un accroissement des projets sur l'énergie propre et renouvelable et des paiements pour les écosystèmes qui stockent le carbone, des forêts jusqu'aux sols des zones arides éventuellement, aux herbages et à l'agriculture durable » et d’ajouter que l’Afrique ayant pris ses responsabilités nationales et mondiales, « il est temps maintenant pour d'autres continents et pays, en particulier les pays développés, d'assumer sérieusement les leurs ".

Les ministres ont convenu que les principaux messages politiques de l'Afrique visant à influer sur le débat mondial et processus de négociation devraient être fondés sur les principes d'équité et de responsabilités communes mais différenciées ainsi que sur des capacités respectives. La position de l'Afrique découle du fait que le continent a le plus faible taux d'émissions par habitant, et pourtant il subit plus que tout autre l'impact du changement climatique – avec des projections montrant que d'ici 2020, dans certains pays, les rendements de l'agriculture pluviale pourraient être réduits de pratiquement 50 pour cent. Durant le même laps de temps, entre 75 millions et 250 millions de personnes en Afrique pourraient être exposées à un stress hydrique accru en raison des changements climatiques.

Les principaux secteurs économiques de l'Afrique sont vulnérables à la sensibilité actuelle du climat, avec d'énormes répercussions économiques. Cette vulnérabilité est exacerbée par les problèmes de développement tels que la pauvreté endémique, une gouvernance et des institutions complexes ; l'accès limité aux capitaux, y compris aux marchés, aux infrastructures et à la technologie; la dégradation de l'écosystème et des catastrophes et conflits multiformes.

A Pretoria, le 4 août dernier, la position de l'ensemble des pays du continent africain résumée par Alf Wills , le représentant sud-africain a été : "pas d'argent, pas d'accord", selon les propos rapportés par le Mail and Guardian .

L’Afrique réclame aux pays riches l'équivalent de 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) pour aider au financement de la recherche, prévenir les inondations, protéger les côtes et lutter contre les sécheresses et les tempêtes qui touchent de plus en plus souvent le continent africain et que les participants à la rencontre de Pretoria jugent liées au changement climatique.

Le continent africain est très exposé à la variabilité du climat et de son changement, et les impacts augmentent de plus en plus, rappelle l'Organisation météorologique mondiale (OMM) , qui se base sur le rapport 2006 de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), sur ''les impacts, la vulnérabilité et l'adaptation en Afrique''.

La désertification et la perte des terres agricoles menacent environ 46% de la superficie totale du continent africain abritant pas moins de 485 millions d’habitants,

D’ici 2050, les températures auront trop fortement et trop rapidement augmenté sous l’effet du changement climatique pour permettre à l’Afrique sub-saharienne d’adapter ses pratiques agricoles, selon une étude internationale. Les inquiétudes portent particulièrement " pour le Sénégal, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Sierra Leone, " où les conditions futures n’auront rien à voir avec ce que (les cultivateurs) ont jamais connus", indiquent-ils.

Selon les dernières projections du Massachussets Institute of Technology (MIT), l’hypothèse moyenne de réchauffement (sur 400 scénarios envisagés) conduirait à une augmentation de + 5,2°C à la fin du siècle (avec une probabilité de 90% que cette hausse se situe entre 3,5°C et 7,4°C).

D'ici la fin du siècle, il est prévu que la température moyenne au sol augmentera de 1,5°C à 6°C sur l'ensemble de la planète. Le niveau des mers devrait, quant à lui, s'élever de 15 à 95 centimètres.

Le réchauffement prévu sera le plus important à l'intérieur et dans les franges semi-arides du Sahara ainsi qu'au coeur de l'Afrique australe.

Pour le continent africain, le G8, doit mettre en œuvre sa recommandation de créer un centre régional du climat en Afrique pour l'amélioration de la gestion des risques climatiques et la mise en œuvre de la stratégie régionale de réduction des risques de catastrophe.

L'Afrique demande également aux pays développés de fixer des objectifs ambitieux pour réduire leurs émissions d'ici à 2020, vers le plafond supérieur de 25-40 pour cent en dessous des niveaux de 1990 afin de parvenir à une réduction significative des émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.

La prochaine étape des négociations est fixée du 31 août au 4 septembre 2009 à Genève lors de la 3ème conférence mondiale sur le climat (CMC3). Le thème principal en sera « l’information et la prévision climatologiques au service de la prise de décisions ».

sources : PNUE / CMAE / MIT / RH-3 B Conseils