jeudi 15 avril 2010

Smart grid : rapprocher les réseaux énergétiques des territoires




Selon le Forum économique mondial, les infrastructures électriques actuelles sont dépassées et ne peuvent plus faire face à la pression d'une demande croissante des consommateurs ni s'adapter aux exigences environnementales. Au contraire, les réseaux intelligents représentent une solution convoitée pour ce qui est d’économiser toujours plus d’énergie.

Si elles n’occupent que 2 % de la surface de la planète, les villes concentrent 80 % des émissions de CO2 et consomment 75 % de l’énergie mondiale. Ainsi, l’empreinte écologique d’une ville dépasse sa superficie, et s’étend sans cesse en prélevant des ressources sur d’autres territoires. Le secteur de l’habitat à lui seul utilise 40 % des ressources de la planète en matériel et en énergie pour la construction et l’exploitation des bâtiments, produisant un tiers des émanations de CO2.

Cependant, certaines villes compactes concentrant un nombre élevé d’habitants, mélangeant sur un même territoire les fonctions résidentielles, travail, loisirs, et ayant mis en place des systèmes de transport collectif efficaces, ont un taux d’émission de GES par habitant inférieur à la moyenne du pays où elles se situent. C’est le cas par exemple de New-York (un tiers de moins) de Londres ou de Tokyo (près de 50 % de moins).

Lancé outre-Atlantique en 2007 et amplifié par le plan de relance Obama, la question du développement du smart grid, est devenu une réalité dans les actions de prospective en Europe.

C‘est une des questions centrales examinées par l’ensemble des Etats industrialisés, des opérateurs et les collectivités pour assurer notamment la diminution de la consommation sur les réseaux d’électricité aux heures de pointe et à compenser ainsi les déséquilibres entre demande et approvisionnement notamment au travers du principe de l'effacement diffus. Le but à terme serait de fournir des énergies sur mesure, selon les besoins et les spécificités des territoires et au plus près des usagers.

L’objectif est de développer une « grille intelligente » (smart grid ou Intelligrid), sur le modèle d'Internet en informatisant suffisamment le réseau pour savoir tout ce qui s'y passe.

Une première expérimentation vers de ces réseaux intelligents, dits « smarts grids » (nouvel internet de l'électricité) et d’ailleurs en cours d’expérimentation en Bretagne comme nous l’évoquions dans l’article du blog du 5 février 2010.

Ainsi s’agissant de l’expérimentation bretonne, lors des pics en demande d’énergie, les opérateurs, pourront déclencher à distance, chez les consommateurs équipés gratuitement de boîtiers, la coupure des appareils de chauffage, pour une durée limitée qui passe inaperçue (entre 15 et 30 mn). Au-delà des économies réalisées, ces tests grandeur nature permettront de mieux connaître les consommations individuelles des foyers et d'évaluer l'acceptation du dispositif, celui-ci ne devant, en aucun cas, impacter le confort quotidien des particuliers volontaires.

Le réseau intelligent peut répondre à un autre défi, celui de l’intégration des énergies renouvelables, de s'affranchir des sources d'énergies épuisables traditionnelles - pétrole, charbon, gaz ou nucléaire -.
Ces énergies renouvelables sont décentralisées, elles fournissent des emplois non délocalisables et elles sont propres. Le smart grid permettra de raccorder de multiples sources de production électrique y compris des unités de très petite taille, desservant un marché local.

Reste que de nombreuses questions sont encore à explorer comme par exemple celle récemment évoqué par le Réseau action climat (RAC), sur « la marge de manœuvre qui va rester aux collectivités locales, privées de taxe carbone, mais en première ligne pour mettre en œuvre les promesses du paquet énergie-climat. Dépourvues de capacité fiscale, les collectivités ne pourront guère déployer des politiques régionales de l'énergie ».

La maîtrise de la demande en électricité est d'autant plus d'actualité que la voiture électrique va faire irruption sur le marché français dès 2011. Ainsi on estime qu’en 2020, les véhicules électriques représenteront 10 à 15% du marché.

L’ensemble de ces questions seront notamment abordées par les entretiens Sciences et Ethique 2010 (18 et 19 octobre 2010) sur le thème «  Villes maritimes et ports du futur. Quels apports des énergies de la mer pour les villes à vocation maritime ? ». Ce thème a été identifié comme l’une des réflexions majeures pour un aménagement du territoire dans le cadre d’une gestion intégrée de la zone côtière.

En réunissant les acteurs impliqués par la mise en œuvre des énergies de la mer, les entretiens Sciences et Ethique traiteront des enjeux des réseaux intelligents pour gérer la production et la consommation de ces énergies et leurs différentes utilisations. L’aspect socio-économique et environnemental des énergies de la mer sur le territoire et sur la structuration des centres de vies urbains du littoral et portuaires, devrait permettre de poser en terme accessible cette problématique des «Villes du littoral et des ports du futur ».


Sources. Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies / RH – 3B Conseils