mardi 15 juin 2010

La Conférence de Bonn sur le climat : une rencontre pour rien ?



Les 5000 délégués de 185 pays réunis à Bonn pour la première conférence post-Copenhague sur les changements climatiques, a vu chacun des protagonistes, camper sur ses positions.

C’est à cette occasion qu’Yvo de Boer qui pilote depuis dix ans les négociations sur le climat laissera sa place en juillet prochain à Cristiana Figueres (*) au poste de Secrétaire exécutif de la convention-cadre des Nations unies pour le changement climatique.
La désignation de Mme Figueres intervient à un moment-clé des négociations internationales sur le climat, six mois avant la 16ème conférence des parties à la Convention-climat de Cancun (Mexique) et six mois après celle de Copenhague 2009, où a été fixé des orientations politiques - mais pas d’accord contraignant - visant à doter la communauté internationale d’un cadre d’action collective pour lutter contre le changement climatique après 2012.

En quittant son poste Yvo de Boer dresse un constat pessimiste, indiquant que «les engagements actuels et les plans [de réduction des GES] de l'ensemble des pays ne vont pas arrêter la croissance des émissions au cours des 10 prochaines années». Pour lui « les engagements actuels des pays industrialisés ne permettent pas d'atteindre l'objectif de réduction de 25 à 40 % des GES (gaz à effet de serre) , que le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a défini pour que l'humanité ait une chance sur deux — seulement! — de limiter la hausse du climat à 2 °C.»

Cependant certains experts considèrent que les engagements des pays riches vont même se solder par une augmentation des émissions mondiales de 12 à 19 % en 2020 par rapport aux niveaux de 1990. A cela s’ajoutera de façon inexorable les émissions exponentielles des pays émergents. Dès lors une partie de la communauté scientifique considère que l'humanité pourrait « perdre le contrôle du climat parce que la spirale climatique s'alimenterait d'elle-même grâce à la libération du méthane enfoui dans le pergélisol et au fond des mers ».


Les avancées lors de la conférence de Bonn apparaissent dès lors bien dérisoires au regard des vrais enjeux, puisque l’on y a essentiellement défini des objectifs à très longue portée, portant sur une réduction de 80 % des émissions anthropiques d'ici 2050 pour les pays industrialisés, ce qui équivaut, en réalité, à différer le problème sur des gouvernements qui ne seront en place que dans 15 ou 20 ans.

Pour l’ONU «un progrès important devient possible à Cancún sous la forme d'un accord global sur des mesures opérationnelles qui permettraient aux pays de prendre plus rapidement des mesures plus musclées dans tous les volets des changements climatiques». On veut y croire ….. Pourtant, cela signifie ouvertement qu’il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à des mesures techniques à la marge mais pas d’accord en 2010 portant sur des mesures réellement contraignantes visant à stabiliser la hausse du climat, reportant de fait un éventuel accord en 2011 à la conférence des Parties en Afrique du Sud, à un mois de la dernière année du protocole de Kyoto.


La responsable des pourparlers sur la définition d'objectifs de moyen terme (2020), Margaret Mukahanana-Sangarwe, a donc proposé un texte pour tenter de sortir de l’impasse actuelle et fournir une base d'une négociation officielle pour la Conférence de Cancún.

Partant de l'entente de Copenhague, où pays développés et émergents ont convenu de limiter la hausse du climat à 2 °C, le groupe sur la définition d'objectifs de réduction de long terme a proposé de les traduire par une réduction de 25 à 40 % des GES d'origine humaine d'ici 2020.
Mais ce document évite de dire par rapport à quelle année de référence cela s’appliquerait.


Plusieurs pays émergents craignent dès lors l'abandon par les pays développés d'un Kyoto 2 au profit d'une simple entente aussi volontaire que floue d'un Copenhague élargi. Pour ces pays en développement la confiance ne peut être rétablie que si les engagements financiers promis en décembre se concrétisent. Dans l'entente de Copenhague les pays industrialisés ont promis de verser de 30 à 100 milliards par année d’ici et 2020 aux pays en développement qui vont subir l'essentiel des impacts d'un bouleversement climatique dont ils ne sont pas responsables..


Retrouver également les enjeux du changements climatiques aux travers des entretiens Science et Ethique 2009 sur la thématique « L’Heure bleue : le changement climatique et les énergies de la mer ».

Les recherches scientifiques et technologiques sur les énergies de la mer arrivant à une étape décisive et s’inscrivant dans une concurrence mondiale. A la veille de la Conférence des Nations-Unies sur le climat à Copenhague, les entretiens avaient souhaité démontrer l’intérêt des énergies renouvelables de la mer, les enjeux dans le cadre du développement de l’aménagement du littoral européen, l’impact sur la biodiversité et les acteurs du monde de la mer.



(*) Mme Cristina Figueres est membre de l’équipe de négociation du Costa Rica depuis 1995, et est une professionnelle incontestée des questions climatiques. Ces dernières années, elle a apporté son expertise dans le domaine du renforcement des mécanismes de marché établis par le protocole de Kyoto, et a joué un rôle essentiel dans la négociation du Sommet de Copenhague.
Par ailleurs il est important de rappeler que le Costa Rica s’est fixé pour objectif la neutralité carbone d’ici 2021



Sources : AFP / France Diplomatie / RH - 3B Conseils
Visuels : AFP / GIEC