mardi 3 août 2010

« Radiographie » du champ d'algues de Molène

Situé dans le Parc marin d’Iroise, le champ d'algues de Molène est le plus important d’Europe, il est aussi reconnu comme l’un des plus diversifiés. Il fait actuellement l’objet d’une surveillance et d’un examen attentif par les scientifiques et selon les observateurs du Parc celui-ci se porte bien – a contrario du champ d'algues en Bretagne-Sud qui connaît une certaine régression-.

Le parc marin d’Iroise a initié un programme ambitieux pour mieux connaître son champ d'algues situé à la jonction des eaux froides du nord et des eaux chaudes du sud. Cette situation particulière lui confère également une diversité étonnante où cohabitent des algues venues de Norvège (laminaria digitata et hyperborea) et du Portugal (saccorhira polyschides). C’est richesse l’est aussi au niveau de la biodiversité, le champ d’algue constituant un habitat pour de nombreuses espèces comme les dauphins ou les phoques témoignant de la bonne qualité du milieu…. comme le signale Philippe Le Niliot, responsable scientifique du Parc.

Le programme du Parc marin pour connaître le champ d'algues de Molène mobilise d’important moyens comme une cartographie complète, réalisée avec le Service hydrographique de la Marine (SHOM) à partir d'un avion capable de balayages électroniques sur 240m de largeur et jusqu'à 20m de profondeur. A cela s’ajoute des levés bathymétriques avec l’Ifremer et des actions de terrains menées par les agents du parc.

Cette « radiographie » du champ d'algues doit permettre d'observer son évolution et de prendre si besoin des mesures d'adaptation pour en assurer le caractère durable. Cette une gestion responsable pour la préservation de la ressource se fera en lien avec les scientifiques, les professionnels et les élus représentés au sein du Parc marin.

Cette bonne vitalité du champ d’algue de Molène se retrouve également dans son exploitation goémonière depuis plus de 170 ans. Le port de Lanildut est d’ailleurs le premier port européen de débarquement des algues (voir article du blog du 23 juillet 2010 sur le Forum de l’algue qui se tient chaque année à Lanildut).


Cette exploitation permet une extraction chaque année, de 50.000 tonnes de laminaria digitata, algue située à un niveau peu profond (jusqu'à cinq-six mètres) au moyen du « scoubidou ». Cependant la demande de laminaires - pour la cosmétique ou l’alimentaire notamment - étant en croissance exponentielle, les goémoniers sont passés à l'exploitation de l'espèce hyperborea que l'on trouve jusqu'à 30 mètres de profondeur, avec une récolte de 12.000 tonnes effectuée au moyen du procédé dit du «peigne».


Pour aller plus loin dans la connaissance des algues :

Les journées Science et Ethique découverte
En 2009 au Conquet et à Lanildut s’est déroulé la première « Journée Science et Ethique découverte » visant à présenter aux scolaires une activité économique qui s’est développée dans ces deux communes du littoral autour de la pêche et de l’exploitation du champ d’algues de l’archipel de Molène. 



Les algues sont un enjeu économique et social important pour les communes qui bordent le Parc marin et d’une manière générale pour les activités pharmaceutiques, cosmétiques et alimentaires. 



Les jeunes ont aussi pu découvrir le rôle important que revêt le plus grand champ d’algues européen de l’archipel de Molène. C’est un site de reproduction, d’alimentation pour la faune exploitée par les hommes et une ressource en matière première pour l’industrie chimique. 

Dans d’autres sites, des micro-algues seront exploitées pour les énergies du futur comme bio-carburant. 


Lors de cette journée, les scolaires sont à la rencontre des plus anciens qui ont connu de manière artisanale et semi-industrielle l’exploitation des algues.

Une nouvelle journée découverte sur les algues sera organisée pour les élèves des deux communes dans les semaines suivant la rentrée scolaire 2010.


La maison de l’algue à Lanildut
Centre d'interprétation de l'algue, situé sur le port de Lanildut, au second hangar, elle est ouverte de juin à septembre. 
La Maison de l’Algue présente une exposition ludique qui retrace la place des algues dans le monde vivant, permet d’identifier les différentes familles d’algues, les zones de récolte, et de mesurer l’importance nationale du champ d’algues de la Mer d’Iroise.

Elle offre également la possibilité de revivre l’épopée des goémoniers d’autrefois en découvrant leurs bateaux, leurs outils de travail, mais aussi des maquettes,des films et des photographies qui témoignent de l’âpreté de leur vie quotidienne. La visite des 11 fours à goémon encore visibles à Lanildut aide à mesurer l’ancienneté de ce métier sur la commune.


Dans la Maison de l’Algue, des fiches et ateliers pédagogiques sont proposés gratuitement aux petits comme aux plus grands : découverte de l’utilisation traditionnelle des algues ainsi que celles d’aujourd’hui, identification des algues, initiation à la cuisine aux algues, réalisation d’un herbier marin ou d’un tableau d’algues…!
Des panneaux de l’exposition « les énergies de la mer : l’or bleu » réalisées par 3B Conseils sont présentés au public.


Le musée des goémoniers à Plouguerneau
Depuis 1985, le musée des goémoniers et de l’algue à Plouguerneau a pour pour objectif la collecte, la sauvegarde, la mise en valeur et la transmission du patrimoine maritime et culturel. L’originalité de cet écomusée se situe dans le fait que, présentant l’évolution de son territoire de référence, il affirme la modernité des écomusées à travers l’évocation du métier de goémonier. En fait, celui-ci est fortement lié au « pays » depuis le début du XIXe siècle et, aujourd’hui plus que jamais, les industriels ont recours aux algues récoltées sur la côte Nord du Finistère pour la fabrication de nombreux produits de consommation courante.

Ce métier a connu des mutations technologiques et des changements dans ses pratiques du XIXème siècle à nos jours. Les goémoniers sont bien moins nombreux qu’autrefois mais leur récolte d’algues (laminaires) est plus que jamais d’actualité et indispensable à nombre de filières agroalimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques, paramédicales et autres.

Artcle RH 3B Conseils
Sources : Parc marin d'Iroise / Télégramme