mardi 7 septembre 2010

Faut-il donner un prix à la biodiversité ?


La 10ème « Conférence des parties » des pays signataires de la Convention sur la diversité biologique (*), adoptée en 1992 au Sommet de la Terre de Rio, se tiendra à Nagoya au Japon se réunira en octobre prochain (18 au 29/10).

C’est en effet lors du Sommet de la Terre de 1992, qu’a été consacrée l’existence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), première convention internationale concernant la biodiversité. Cette convention est ratifiée à ce jour par environ 190 pays (dont la France depuis le 1er juillet 1994).

La Convention sur la diversité biologique a pour objectifs « la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques » (article premier) . Elle est ainsi le premier accord mondial complet à prendre en compte tous les aspects de la diversité biologique : les ressources génétiques, les espèces, les écosystèmes.

Elle reconnaît dans son préambule que la conservation de la diversité biologique est « une préoccupation commune à l'humanité », et fait partie intégrante du processus de développement. Afin d'atteindre ses objectifs, la convention entend favoriser un partenariat renouvelé entre les pays. Ses dispositions sur la coopération scientifique et technique, sur l'accès aux ressources génétiques et sur le transfert de technologies sans danger pour l'environnement sont à la base de ce partenariat.

C’est donc à Nagoya que tout ce que la planète compte de politiques, de scientifiques et de représentants d’associations concernés par l’état de la biodiversité, se retrouvera et devra constater que les objectifs du Sommet de la Terre, où les chefs d’État s’étaient engagés à réduire de façon significative, d’ici 2010, l’érosion de la biodiversité, sont en deçà des objectifs initiaux.

Depuis peu, une autre approche, qu’on espère plus stimulante, prend de l’ampleur : la mise en avant de l’importance économique des services rendus par les écosystèmes : par exemple la purification de l’air et de l’eau, le recyclage de la matière organique, la régulation du climat, ou encore la production de biens de consommation.

Aujourd’hui, le principal indicateur de richesse utilisé, le PIB, ne tient pas compte de la valeur de la nature et des pertes engendrées par son érosion. C'est tout l'enjeu des discussions à venir : mesurer le coût économique de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes.

À Nagoya, l’économiste indien Pavan Sukhdev devrait remettre les conclusions finales de l’étude « Économie des écosystèmes et de la biodiversité », qu’il coordonne depuis mai 2007 à la demande de l’Union européenne ( Voir le rapport d'étape). Inspirée du rapport de Nicholas Stern sur le coût du changement climatique, Il s'agit avec cette étude de fournir une évaluation complète et convaincante afin de défendre la biodiversité et redonner à la nature un prix.

Au terme de la première phase des travaux de Pavan Sukhdev déclarait que "si nous n'adaptons pas les politiques appropriées, le déclin actuel de la biodiversité et la perte de services rendus par les écosystèmes vont se poursuivre et dans certains cas vont même s'accélérer. Certains écosystèmes sont susceptibles de souffrir de dommages irréparables." Les premières victimes de cette dégradation seraient les pays les plus pauvres.

Si rien n'est changé de façon radicale "d'ici 2050, une diminution de 11 % des zones naturelles restantes en 2000 est à craindre, principalement en raison de la conversion de ces terres à l'agriculture, du développement des infrastructures et du changement climatique.
Près de 40 % des terres actuellement exploitées pour des formes d'agriculture peu intensive pourraient être converties en terres d'agriculture intensive, ce qui entraînerait des pertes supplémentaires de biodiversité. Enfin, 60 % des récifs coralliens risquent de disparaître d'ici 2030 du fait de la pêche, des maladies, des espèces allogènes envahissantes et du blanchissement des coraux lié au changement climatique. Ce qui causerait un appauvrissement de la vie sous-marine.
Ce phénomène coûterait 100 milliards de dollars, 27 millions d'emplois mais aussi des pertes en apport de protéines à une population de près d'un milliard de personnes".


On se souvent par ailleurs que Bernard Chevassus-au-Louis avait coordonné en 2009 des travaux analogues pour le Centre d’analyse stratégique.



(*) Cette convention vise trois objectifs :
• la conservation de la biodiversité ;
• l’utilisation durable des espèces et des milieux naturels ;
• le partage juste et équitable des bénéfices issus de l’utilisation des ressources génétiques.
Elle est à l’origine de l’élaboration de stratégies pour la biodiversité au niveau pan européen, communautaire et national.


Article RH 3B Conseils
Sources Commission européenne / IUNC