jeudi 10 février 2011

"La quinzaine de la mer" : les travaux du Lemar sur la coquille la pétoncle et le lambi, mouchards des océans...


Nous avons évoqué à plusieurs reprises dans les articles du blog Science et Ethique (relire notamment article du 9/04/2010) les travaux des scientifiques brestois du Laboratoire des sciences de l'environnement marin (LEMAR) - basé à l'IUEM-UBO (Institut universitaire européen de la mer) - parmi lesquels ceux de Laurent Chauvaud, directeur de recherches au CNRS portant sur les coquilles et les pétoncles.

Nous revenons sur ces travaux dans le cadre de "la quinzaine de la mer" organisée à l'IUEM jusqu'au 19 février prochain.

Les travaux des scientifiques brestois sur les coquilles et les pétoncles sont cependant anciens puisqu’ils sont une constante depuis une trentaine d'années. Si tout le monde connaît la coquille Saint-Jacques, ce curieux animal a la particularité d’être un excellent instrument d'investigation scientifique, En effet si grâce aux cernes des arbres ou aux bulles de gaz emprisonnées dans les glaces polaires, on peut suivre années après années les changements climatiques, grâce à la coquille Saint-Jacques, on peut aussi suivre ces évolutions au jour le jour !

La coquille Saint-Jacques garde en effet des traces de ce qu’elle mange, mais elle est également sensible aux changements de températures et au régime des vents.
 Désormais capables de séparer les effets trophiques, dus à l’alimentation, des effets thermiques, les biologistes brestois comme Laurent Chavaud du LEMAR peuvent non seulement retracer l’histoire du climat dans l’Atlantique grâce à certaines coquilles millénaires, mais aussi se pencher sur des phénomènes plus récents, comme les pollutions provoquées par les nitrates au cours des dernières décennies.

Les renseignements vont bien au-delà: la coquille, le squelette en carbonate de calcium, archive les modifications de l'environnement. Cette vigie a traversé les siècles. Le LEMAR s'est ainsi intéressé aux coquilles retrouvées avec les squelettes humains (5.000 ans avant J.-C.) découverts sur l'îlot de Théviec dans le Morbihan.

Dans un récent entretien au Télégramme le chercheur évoquait les points communs entre les coquilles Saint-Jacques de la rade de Brest et les lambis du Mexique. «Une strie sur la coquille Saint-Jacques de la rade de Brest correspond à une journée quand celle de Mauritanie équivaut à une marée».
S’agissant du lambi mexicain c’est par l’intermédiaire d’une biologiste mexicaine - Dalila Aldana, biologiste qui a fait sa thèse à Brest - que le lien se fait et pour analyser les caractères de marqueur des évolutions sur cette zone.

Ainsi un programme d’études avec l’IUEM est né le Bistrom (Biologie des strombes mayas). "Au Mexique, le lambi se fait rare, sa chair est très appréciée des Américains. Mais, à Xel-Ha, il a la paix. Cet ancien port maya naturel est situé dans un parc protégé. Il y a bien un millier de baigneurs par jour mais ils ont juste le droit de regarder, pas de toucher. La profondeur est de cinq mètres, l'endroit est particulier: une sorte d'estuaire, sur environ 1,5km, en forme de gouttière, où se mêlent eau de mer et eau douce, avec des gradients de salinité qui différent de façon importante."

Les scientifiques brestois ont pu y observer in situ la vie du lambi et sa croissance . «À un an, le strombe a la taille d'un poing, à trois, celle d'un ballon de foot. Il se calme ensuite » indique Laurent Chauvaud au Télgramme. Les scientifiques ont également installé des capteurs de positionnement. Le comportement est erratique: le coquillage peut ne pas bouger pendant six mois ou effectuer 1,5km en douze heures. Une dizaine de lambis ont été équipés de capteurs de salinité, de température et de pression.
Un projet européen a été monté et six missions sur une période de deux ans sont prévues.



Rappelons par ailleurs que Laurent Chauvaud était intervenu a deux reprises dans le cadre des entretiens Science et Ethique à Océanopolis à Brest.




- aux entretiens Science et Ethique 2006 dont le thème central était « la Biodiversité du littoral »
sur "Le rôle ou les fonctions de la biodiversité dans les écosystèmes littoraux aquatiques"







- aux entretiens Science et Ethique 2000 sur "la prévention de la fertilisation des écosystèmes côtiers" alors que le thème des entretiens étaient "Vagues de pollutions, impacts et prévention".





A voir également le détail de la mission MACARBI en Antarctique qui avait pour but, en étudiant le Pétoncle austral, d’observer les changements environnementaux marins sur la marge du continent antarctique au cours des dernières décennies.

Article RH 3B Conseils
Sources : LEMAR / IUEM / Télégramme / entretiens Science et Ethique