vendredi 28 janvier 2011

Collecte des données océanographiques : les plaisanciers participeront avec le projet CANOE


La connaissance des océans reste une entreprise de longue haleine et coûteuse. Dès lors la multiplication des moyens de collecte des données océanographiques faisant appel à des initiatives innovantes, moins onéreuses et permettant d'aller dans des zones plus rarement étudiées mérite une attention particulière.

S’il existe actuellement deux manières de "mesurer" les mers (bouées flottantes ou dérivantes et bateaux de servitudes munis de pompes hydrauliques), le coût de leur installation et leur couverture, correspondant souvent à des routes commerciales, constituent des obstacles à la connaissance océanographique très large.

C’est donc dans l’optique d’une meilleure connaissance océanographique que le concept CANOE a été initié lors du Salon Nautique de Paris 2009, au cours d’une rencontre entre Jean-Claude Le Bleis, dirigeant de NKE (société basée à Hennebont dans le Morbihan) et Patrick Farcy, de l’Ifremer.

Le projet CANOE qui a été labelisé par le Pôle Mer Bretagne vise à faire appel aux plaisanciers et à utiliser leurs voiliers pour collecter des données sur les différents océans, et particulièrement dans des zones jusqu’ici peu échantillonnées comme la ceinture Antarctique, ou des trajets transocéaniques hors routes commerciales.
(Relire également l'article du blog du 13/07/2010 " Des capteurs sur les navires marchands pour comprendre le rôle des océans sur le climat ?").

Les mesures de température et de salinité seront réalisées et transmises grâce à des capteurs miniaturisés de haute précision intégrés dans les passes coques des voiliers. A plus long terme, des systèmes de capteurs plus évolués pourraient mesurer aussi la fluorescence, l’oxygène et le CO2 dissous.

Le caractère innovant du projet tient, d’une part, à la miniaturisation de capteurs fiables qui ne perturberont pas le fonctionnement normal du voilier et, d’autre part, au mode de fonctionnement du réseau, basé sur le volontariat et la coopération de plaisanciers. L’équipement des voiliers sera pris en charge par les scientifiques qui limiteront ainsi l’utilisation de navires spécialisés, coûteux en exploitation et limités en nombre.

Les séries de données ainsi constituées pourront être utilisées par de nombreux acteurs scientifiques nationaux et internationaux en océanographie pour des études scientifiques et climatiques. Une extension aux différents pays maritimes européens est prévue au travers du programme Européen Jéricho, qui vise à labelliser des systèmes de collecte utilisables par plusieurs pays côtiers européens (Irlande, Grande Bretagne, Allemagne).

L’enjeu, notamment pour la France, acteur majeur pour l’analyse des océans qui doit conforter son avance, est de multiplier le nombre de points de mesure sur les océans afin d’alimenter les modèles de prévision scientifiques et météo.

Les partenaires du projet sont :

Pour les entreprises :
- NKE, PME de conception et de fabrication d’instruments scientifiques pour l’analyse en temps réel de la qualité de l’eau de mer et fabricant d’instruments de pilotage électroniques pour la plaisance, porteur du projet,
- le Chantier Structure, chantier de construction de voiliers de marque POGO orientés course et régate, Combrit (29),
- Grand Large Yachting, spécialiste européen du bateau de grand voyage sous les marques Allures et Outremer, Tourlaville (50)

Pour le centre de recherche :
- l’Ifremer de Brest.



Pour aller plus loin sur les programmes de surveillance des océans relire les articles parus dans ce blog. Notamment les articles du 20/12/2010 du 02/08/2010 du 13/07/2010.


Par ailleurs vous retrouverez dans les archives des entretiens Science et Ethique un grand nombre d'informations, d'interventions et vidéos sur les avancées scientifiques dans le domaine de la mer.

Parmi ces archives, rappelons que les entretiens Science et Ethique 2009 « l’Heure bleue : le changement climatique et les énergies de la mer » ont traité des questions liées aux conséquences du changement climatique sur les océans.


Nous vous invitons à retrouver quelques des interventions sur ce sujet :

- « Management du projet européen sur les conséquences du changement climatique : l'acidification des océans », par Lina Hansson, project manager du projet EPOCA (European Project on Ocean Acidifacation - Laboratoire d'océanographie de Villefranche sur Mer en partenariat avec Roscoff, l'IPEV...) ICI

- « Le rôle tampon de l’océan dans l’absorption du CO2 et conséquences dans le cadre du changement climatique", par Sabrina Speich, (Italie) chercheur au Laboratoire de Physique des Océans, LPO-IUEM-UBO ICI




Article RH 3B Conseils
Sources : NKE / Pôle Mer / Télégramme