jeudi 16 juin 2011

CIMer 2011, ressources minérales et haute technologie : 2ème Campagne Wallis-et-Futuna en 2012 ?



France (UE) 17/06/2011 - 3B Conseils - BB – 3/3 - L’article d'Henri Bougault d'hier présentait les enjeux économiques et industriels des « gîtes sous-marins profonds qui devraient être une nouvelle ressource de métaux pour l’avenir ».

C’est ainsi que le Premier Ministre, François Fillon l’annoncait à l’occasion du CIMer, qui s’est tenu le 10 juin à Guérande et annonçait qu'une deuxième campagne, à Wallis-et-Futuna «serait engagée au plus tard en 2012», avec le souci d’intégrer «le plus en amont possible les problématiques environnementales».

Yves Fouquet, responsable du laboratoire de géochimie et de métallogénie d'Ifremer et de l’expédition FUTUNA 2010 participait avec Julien Denègre, responsable développement commercial Mines & Métaux chez Technip au Colloque *Les gîtes sous-marins profonds : une ressource de métaux pour l’avenir ?
Ils avaient fait des exposés sur les travaux effectués au large de Wallis-et-Futuna ainsi que sur d’autres sites hydrothermaux des dorsales Pacifique et Atlantique.

Conformément aux engagements du Grenelle de la Mer et à la politique en faveur des métaux rares annoncée en avril 2010 par Jean-Louis Borloo, à l’époque ministre de l’écologie et du Développement durable, une première campagne d'exploration des grands fonds marins a été conduite par l'Ifremer du 3 août au 23 septembre 2010 au large des îles de Wallis-et-Futuna, dans le cadre d'un partenariat inédit regroupant des établissements publics (Ifremer, Agence des Aires marines protégées, BRGM), et des entreprises industrielles intéressées aux enjeux miniers (Areva, Eramet, Technip).

Cette campagne consistait en la collecte de données devant permettre de procéder dans une phase ultérieure à la conception et la réalisation d’un pilote industriel par Technip en vue d’une exploitation des minéralisations sulfurées des grands fonds par les sociétés minières françaises.

En décembre 2010 « Nouvelles d’Ifremer » / Le Marin (ici), présentent la campagne qui s'est déroulée du 3 août au 23 septembre 2010 avec des interviews d'Yves Fouquet, de Julien Denègre, Xavier Foata du Ministère de l'Ecologie, Vincent Trelut d'Eramet, Patrice Christmann du BRGM, Dominique Delorme d'Areva : une nouvelle dorsale active et un volcan aux impressionnantes dimensions « 20km de diamètre et un cratère de 5km », sous les eaux de l'archipel de Wallis-et-Futuna par l’équipe de chercheurs,


«Ce volcan le Kulolasi », dont le sommet culmine à 1200m sous la surface, est situé à l'est de l'île de Futuna. Il fait partie d'un domaine volcanique de 35 000 km2 (soit près de deux fois la Bretagne) et jusqu'alors quasi inconnu. C'est le premier système hydrothermal connu inclus dans une zone économique française ! »

L'autre découverte, était que 57% de ce domaine correspond à une activité volcanique récente. « Avec le Nautile, le submersible, nous avons plongé au cœur du volcan. Les laves que nous y avons trouvées ont été émises il y a quelques mois, quelques années tout au plus. Le domaine est encore actif. » Lors de ces descentes, les scientifiques de l'équipe d'Yves Fouquet ont pu observer les écosystèmes établis dans cet environnement, à première vue hostile. « Nous avons trouvé des sources chaudes, sous forme de petites cheminées. Certaines atteignent des températures de 345°C ! Elles sont peuplées de crevettes, de crabes... mais nous n'y avons pas remarqué d'animaux fixes, c'est la preuve que ces structures sont récentes. » Les échantillons biologiques et géologiques prélevés sur place sont arrivées au début d'année 2011. L’ensemble des échantillons récoltés (fluides, roches, faune) nécessite désormais un important travail d’analyses menées à terre dans le cadre de coopérations entre les organismes scientifiques impliqués dans la campagne : Ifremer et BRGM mais aussi CNRS, IPGP, UBO-IUEM et le CEA et permettront notamment de déterminer si des espèces nouvelles habitent dans cette zone. Au niveau industriel c’est une nouvelle campagne majeure au niveau technologique et de l’accès à l’exploitation des minéraux qui pourront permettre à la France et à l’Europe d’accéder à une indépendance pour la haute technologie.

Sources : Ifremer, Technip, BRGM, Sciences-Ouest, Ministère de l ‘écologie, 3B Conseils.

* Discours du Premier Ministre le 10 juin à Guérande (ici)
**Les gîtes sous-marins profonds : une ressource de métaux pour l’avenir ? à l’Ecole des Mines de Paris, lors du colloque* organisé par la Société de l’industrie minérale avec Ifremer. Un numéro spécial « actes de la conférence » doit paraître à la fin du 3ème trimestre de cette année.
www.lasim.org, contact@lasim.org

articles parus sur le CIMer du 10 juin 2011, présidé par François Fillon, Premier ministre et organisé par le secrétariat général de la mer. http://www.science-ethique.blogspot.com/

14/06/2011 : 1/3 - CIMer 2011 : La course à l'exploitation des fonds sous-marins
16/06/2011 : 2/3 Ressources minérales et hautes technologies : Lever le risque de dépendance de la France et de l'Europe
17/06/2011 : 3/3 Ressources minérales, terres rares et haute technologie : 2ème Campagne Wallis-et-Futuna en 2012 ?

CIMer, ressources minérales et hautes technologies : Lever le risque de dépendance de la France et de l'Europe !

photo du laboratoire Géosciences Marines - Ifremer

France (UE) 16/06/2011 3B Conseils - BB - 2/3 - A l’occasion du CIMer (Comité Interministériel de la Mer) qui s’est tenu le 10 juin à Guérande, voir article du 14 juin (ici), Le Premier Ministre a annoncé plusieurs mesures et notamment une refonte de la délimitation du domaine maritime de la France. L’objectif est de renforcer sa protection juridique.

François Fillon qui préside le CIMer, et dont l’organisation est confiée au secrétariat général de la mer, a également mis l’accent sur la volonté du gouvernement de promouvoir l’exploitation des grands fonds marins. «Les ressources minérales profondes vont devenir un enjeu majeur. La France et l’Europe doivent se positionner rapidement» assurant – qu’une stratégie nationale – en la matière serait arrêtée d’ici fin 2011.

François Fillon a abordé en particulier la question des amas sulfurés, un minerai qui contient des éléments utilisés dans le domaine des hautes technologies.
A cette occasion, il a signalé que « La Chine et la Russie avaient déjà déposé une demande de permis d’exploration relatif aux amas sulfurés auprès de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Il a annoncé que «bientôt, nous allons pouvoir le faire à notre tour».

Nous avons demandé un article à Henri Bougault – chercheur (ex Ifremer) et intervenant au colloque - Les gîtes sous-marins profonds : une ressource de métaux pour l’avenir ?* - de faire un point pour « Science et Ethique » (ici) sur la dépendance grandissante de la France et de l’Europe en matières premières métalliques essentielles au développement économique.

Depuis trente ou quarante ans, l’offre par rapport à la demande avait fait oublier la dépendance des pays européens vis-à-vis des métaux. La croissance des pays émergents et les modifications de la demande dues aux évolutions technologiques ont conduit les pays européens, dont l’activité minière était devenue moins que modeste, à ré-identifier leur accès aux ressources minérales.
Résurgence des nationalismes juridiques des pays producteurs, projets d’interdiction d’exportations de certains minerais, et limitation d’extraction en deçà des propres besoins de certains pays producteurs, ont conduit la France et l’Europe à considérer une approche de « sécurisation de l’accès aux matières minérales ».
Devant cette situation, les ressources potentielles des grands fonds font l’objet d’intérêt, qu’elles soient localisées dans les ZEE (Zones Economiques Exclusives) sous la juridiction des états riverains, ou dans la « Zone » internationale sous le contrôle de l’Autorité Internationale, une émanation de l’ONU. Le projet industriel d’exploitation d’amas sulfurés le plus avancé est situé dans la ZEE de la Papouasie Nouvelle Guinée. Les premiers permis d’exploration d’amas sulfurés dans la « Zone » internationale sont demandés, en premier lieu, par les pays émergents ou par les pays producteurs.
Les gites sous-marins profonds concernés sont : les Amas Sulfurés, les Encroûtements Cobaltifères et les Nodules de Manganèse. Encroûtements cobaltifères et nodules de manganèse sont des matériaux de même nature (oxydes de fer et de manganèse). Les encroûtements peuvent couvrir des surfaces importantes sur les plateaux ou les guyots sous-marins (profondeur : 500 – 2000 m) tandis que les nodules tapissent certaines zones des grands fonds (4000 – 5000 m). L’intérêt des encroûtements tient à leurs concentrations en cobalt et à un moindre degré en platine et nickel. L’intérêt des nodules tient à leurs concentrations en nickel et en cuivre. Ces deux matériaux font également l’objet d’un intérêt nouveau pour les terres rares, zirconium, niobium et autres métaux intervenant dans les fabrications dites de « haute technologie ». Les amas sulfurés sont des dépôts formés par les fluides hydrothermaux qui circulent dans la croûte océanique au voisinage de l’axe des dorsales, lieu de création des fonds océaniques. Les métaux concernés sont le cuivre, le zinc et en moindres concentrations l’argent, l’or, le plomb, le galium, le germanium et autres métaux associés au soufre.
L’intérêt pour ces gisements potentiels grands fonds mobilise ingénieurs et chercheurs pour développer des méthodes d’exploration et des concepts d’exploitation. Les questions environnementales font naturellement partie de cet enjeu sous la juridiction des Etats (ZEE) ou de l’Autorité Internationale (« Zone » internationale).

Article d’Henri Bougault* pour Science et Ethique/ 3B Conseils

*Demain 17 juin : "annonce par le Premier Ministre qu'une deuxième campagne d'exploration, à Wallis-et-Futuna, serait engagée "au plus tard en 2012". Retour sur les premiers résultats de la campagne de 2010 avec Yves Fouquet intervenant au colloque "Les gîtes sous-marins profonds : une ressource de métaux pour l’avenir ? à l’Ecole des Mines de Paris, organisé par la Société de l’Industrie Minérale avec Ifremer. Un numéro spécial « actes de la conférence » doit paraître à la fin du 3ème trimestre de cette année.