mercredi 7 septembre 2011

Sécurité maritime en Manche : la France sollicite l’Europe


Afin de lutter contre les pollutions et d’accroître la sécurité maritime, les remorqueurs de sauvetage jouent un rôle fondamental. Or, la décision de la Grande-Bretagne d'abandonner d'ici la fin septembre 2011 l'ensemble de ses remorqueurs de sauvetage, en premier lieu l'Anglian Monarch, co-affrété depuis 2000 avec la France (coût de 9 000 €/jour pour la France) pour veiller sur le détroit du Pas-de-Calais, impose au gouvernement français de remanier son dispositif.

La ministre de l’écologie et des transports indiquait après sa rencontre avec son homologue britannique « Je ne crois pas que le désengagement britannique s’explique par la présence de courants qui pousseraient vers nos côtes : il relève bien plutôt, me semble-t-il, d’une politique de rigueur budgétaire. »

La France a donc pris la décision de redéployer l’Abeille Languedoc (*) - de même puissance que l'Anglian Monarch) - du Golfe de Gascogne vers le « rail Manche» l'une des principales routes maritimes mondiales, avec un trafic considérable de navires de commerce qui transportent des dizaines de millions de tonnes de matières dangereuses.
Le gouvernement Cameron considèrent, en effet, que les moyens de sauvetage privés et les remorqueurs présents dans les ports sont suffisants pour assurer des missions d'assistance et de sauvetage. Reste que de ce côté-ci de la Manche on considère encore que cette politique relève d’un service public mais cela impose un coût supplémentaire à assumer.

Le député du Finistère Gilbert Le Bris dans une question écrite (QE 94219 Assemblée Nationale) au ministre des transports s’inquiétait de cette situation indiquant que « Le désengagement des Britanniques augmente les risques de catastrophe maritime et va à l'inverse de la tendance actuelle très axée sur un renforcement des moyens dédiés à la sécurité maritime dans le Nord-Pas-de-Calais dont le détroit présente la particularité de voir les flux entre la Manche et la mer du Nord coupés à la perpendiculaire, par un trafic très dense de ferries desservant les ports du sud-est de l'Angleterre » . Il souhaitait donc connaître l'avis du Gouvernement sur ce sujet et les mesures qu'il comptait prendre afin de continuer à assurer la sécurité maritime sur zone.

Thierry Mariani, ministre des transports, dans sa réponse au parlementaire du Finistère indique que « Dans le cadre de son évaluation des dépenses publiques (Spending Review), le gouvernement britannique a décidé une économie de 80 Md euros sur trois ans. Cette mesure budgétaire s'est traduite par l'annonce de la fin de l'affrètement des 4 remorqueurs de haute mer, dont l'Anglian Monarch, cofinancé avec la France. Le gouvernement britannique a officiellement justifié sa décision par le fait que l'affrètement de ces remorqueurs par l'État n'est plus nécessaire, dès lors que l'initiative privée permet d'assurer ce service, en cas de besoin. Le Gouvernement français a fermement contesté cette analyse.»

Il rappelle également que dans un courrier au gouvernement français, le gouvernement britannique considère au contraire que « le risque de pollution marine consécutive à un échouement aurait considérablement diminué du fait de la disparition des pétroliers à simple coque, de l'amélioration de la formation des personnels à bord et de la surveillance de la navigation exercée par les États côtiers. »
Cette décision étant irrévocable, cela a contraint le gouvernement français à revoir son dispositif. « Ce redéploiement devrait être effectif avant les tempêtes et dépressions de l'automne. Il permettra d'assurer un niveau de service équivalent à celui qui était rendu par l'Anglian Monarch. »

S’agissant des incidences financières générées par cette décision, le vice-président aux transports Sim Kallas, a parallèlement été saisi du souhait de la France que la Commission européenne participe au financement de la sécurité maritime dans ce détroit international.
« Un financement communautaire pourrait ainsi être envisagé sur la ligne Réseau trans-européen de transport, qui a par exemple servi au financement des navires brise-glace dans le passé. Enfin, des démarches avec les gouvernements allemands, belges et néerlandais ont été entreprises afin de recueillir leur avis sur une participation au maintien d'un dispositif d'assistance dans le Pas-de-Calais. »


(*) L'Abeille Languedoc était auparavant basé à La Rochelle et son rayon d’action s’étendait à tout le Golfe de Gascogne. Le Golfe de Gascogne ne possède toutefois plus de remorqueur de sauvetage à l’exception d’un remorqueur espagnol basé à La Corogne.

Article RH 3B Conseils
Sources : Assemblée Nationale
Photos : Abeille / Assemblée Nationale